Perspectives économiques: La CONECT décrie le rapport de la BAD
Dans une déclaration accordée à Mosaïque FM le samedi 12 juillet 2025, l’économiste et membre du bureau exécutif de la CONECT (Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie), Karim Harrass, a estimé que les données publiées récemment par la Banque africaine de développement (BAD) dans son rapport national intitulé « Maximiser le capital de la Tunisie pour soutenir son développement » ne comportent « rien de nouveau ».
Selon lui, les prévisions concernant la croissance, l’inflation et le déficit pour les années 2025 et 2026 ne sont que des données déjà connues, issues de méthodes classiques d’analyse, largement partagées par les experts, tant au niveau des indicateurs que des recommandations.
Critique du modèle d’analyse et du manque d’inclusion
Karim Harrass a dénoncé le manque d’innovation dans la manière dont la BAD appréhende le modèle de développement tunisien. Il estime que cette approche reste figée, et qu’il n’est plus acceptable de traiter la Tunisie —ou tout autre pays africain— selon des schémas anciens, à l’heure où l’environnement économique mondial évolue rapidement.
Il pointe, également, un problème plus large, à savoir la fragmentation du travail gouvernemental, où chaque ministère agit de manière isolée. Un phénomène, selon lui, qui ne touche pas seulement la Tunisie, mais l’ensemble des pays africains, contrairement à d’autres régions comme la Chine ou l’Union européenne, où les approches collectives et intégrées sont privilégiées.
Nécessité de revoir les méthodes de la BAD
Le représentant de la CONECT a, également, reproché à la Banque africaine de développement d’avoir exclu les experts et les représentants du secteur privé tunisien, lors de l’élaboration du rapport, ne les sollicitant qu’à la publication des résultats. Or, selon lui, ces acteurs sont ceux qui connaissent le mieux les réalités du terrain et les obstacles à la croissance. Ils sont aussi porteurs de solutions concrètes et novatrices, capables de répondre aux défis actuels.
Il a, par ailleurs, insisté sur l’importance d’intégrer l’intelligence artificielle et les technologies avancées, dans un nouveau modèle de développement, critiquant les méthodes «classiques» de la BAD, qu’il juge dépassées.
«Un seul atelier pour commenter un rapport ne suffit pas», a-t-il déclaré, ajoutant que certaines conclusions du rapport auraient pu être générées automatiquement par une intelligence artificielle.
Enfin, il a noté que la représentante de la BAD elle-même a reconnu la nécessité de revoir la manière dont l’institution interagit avec le secteur privé tunisien, indiquant que les canaux actuels de communication sont obsolètes face aux mutations rapides de l’économie mondiale.